En 2010, Michaël Simon avait signé Combats aériens sur le Cotentin. La qualité du travail produit lui avait valu à l’époque un coup de cœur de l’Aérobibliothèque.
La méthode est ici la même. De nouveau, l’auteur a choisi de détailler quatre aventures humaines chacune issue de la chute d’un appareil américain. Elles commencent en mai et juin 1944. Ici encore, le livre n’est pas donc pas une étude exhaustive des chutes d’avions dans le Cotentin, mais renseigne cependant sur les autres pertes survenues en même temps que celle qu’il relate en premier lieu. Archives américaines, départementales, SHD font partie des sources étudiées, mais sans qu’il soit donné de référence précise de ces documents. Les témoins de l’époque, les anciens combattants, les familles des aviateurs, les autres historiens locaux de l’aviation ont également contribué à la richesse de l’ouvrage. J’ai apprécié le dénouement de l’évasion de l’aviateur américain qui se trouve propulsé sur le devant de la scène devant Eisenhower en personne, affublé d’un béret bien français… ou encore la photographie qui tient lieu d’épilogue. Bien vu, l’occasion ne devait pas être manquée.
Le sujet principal est couvert en 170 pages, suivies de trois annexes. Si l’annexe 1 correspond mieux au contenu global de l’ouvrage, les annexes 2 et 3 peuvent sembler un peu hors de propos, car elles sont consacrées respectivement aux sites lourds de lancement de V1, avec une emphase plus particulière sur celle de la Glacerie, et au site V2 de Sottevaast. La qualité générale se retrouve bien évidemment dans ces annexes, ce qui ne gâte donc rien.
Le style est simple et fluide, conservant l’utilisation des termes anglais et la syntaxe correspondante. On trouve quelques fautes d’orthographe mais elles ne sauteront pas aux yeux de la majorité et ne nuisent en rien à la lisibilité de l’étude. Tout comme dans son premier livre, les anecdotes connexes sont relatées dans des encarts séparés mais pas toujours bien distincts de la chronologie du récit principal. Il aurait fallu renforcer cette distinction, là encore une amélioration sur la forme bien plus que sur le fond. La suggestion de notes de bas de page a été entendue, pratique encouragée régulièrement car bien plus pratique pour le lecteur.
L’iconographie est principalement basée sur le fond des archives américaines (NARA). Certaines photographies sont très connues et devaient être utilisées car collant au plus près du sujet. Les autres viennent de vétérans ou de leurs familles, de témoins locaux ou d’autres passionnés d’aviation. Hommes, machines et lieux (cachettes, habitations, monuments réalisés depuis quelques années) forment une diversité d’une grande richesse.
Comme signalé dans notre précédente recension, il y a matière pour une série d’égale qualité. Qui sait si, pour rester équilibré, le prochain opus concernera les pertes de la Luftwaffe dans le Cotentin. Que Mickaël Simon persévère dans cette voie, celle d’un travail de recherche sérieux et abouti.
Jocelyn Leclercq
200 pages, 20 x 27 cm, broché