Plus que jamais, le Transall est sous les feux de l’actualité, puisque son remplaçant désigné, l’Airbus A400M, tarde à entrer en service et force le respectable bimoteur à jouer les prolongations alors qu’il a largement dépassé les 40 ans de missions.
C’est à la fin des années soixante que l’avion, construit par un consortium franco-allemand, a pris la relève d’une autre légende du transport aérien, le Noratlas, lui-même ayant déjà fait l’objet d’un accord de production entre les deux pays. Le Transall, avant d’être une aventure opérationnelle, est principalement une aventure industrielle.
Stéphane Allard, pilote de l’armée de l’Air, affecté sur C 160 Transall, a profité d’une pause dans sa carrière pour se plonger dans l’histoire de son avion fétiche. Le moindre que l’on puisse dire à la lecture de ce livre, c’est qu’il n’a pas fait les choses à moitié. Des essais en vol aux ferraillages récents des premiers exemplaires des Forces Aériennes de Projection, rien ne semble manquer à cette étude. Ni les versions ébauchées et jamais réalisées, ni les nombreuses évolutions que les avions ont subi tout au long de leur interminable carrière, rien ne semble manquer. Et, bonne surprise supplémentaire, comme l’indique bien le titre, ce livre traite avec une même acuité les versions allemandes et les versions françaises. Pour autant les autres utilisateurs (Turquie, Afrique du Sud, Indonésie) ne sont pas oubliés.
Illustré de très nombreux documents inédits, de photos, de dessins et autres croquis, cette monographie s’applique à décrire l’avion le plus précisément possible, et à nous faire découvrir les nombreuses évolutions qu’a connu l’appareil tout au long de son exploitation.
On pourra donc éventuellement regretter que la carrière opérationnelle ne soit pas plus abondamment décrite – encore que les grandes lignes soient bien présentes, permettant de bien comprendre à quel point les avions de transport tactiques sont indispensables et variés.
Le tout est présenté d’une manière claire et agréable à la lecture ; tout au plus sera-t-on troublé par quelques photos « fusionnées », mais les doubles légendes qui s’y rattachent permettent de tirer ces surprises au clair.
Pour les férus de technique et d’histoire industrielle, cette « aventure franco-allemande » fait partie des bonnes surprises des publications récentes, sur un sujet jusque là relativement délaissé et pourtant crucial.
Frédéric Marsaly
240 pages, 21 x 30 cm, relié
Environ 500 clichés