Pendant longtemps, ceux qui voulaient lire les exploits d’un aviateur célèbre, devaient acquérir le plus souvent des bouquins au format de poche. La collection « J’ai lu leur aventure », à la célèbre couverture bleue, a permis pendant des décennies l’accès à ces récits à un grand nombre. Revers de la médaille, un texte sans aucune illustration, ni photo ni dessin, ou si peu. Les progrès de la fabrication d’un livre, de sa mise en page et du traitement des images permettent maintenant des miracles : allier la parole à l’image. C’est précisément le cas du célèbre récit du pilote du « Normandie-Niemen », le Capitaine Roger Sauvage.
Publié pour la première fois il y a près de 70 ans, plusieurs fois réédité, le récit de l’épopée du pilote aux 16 victoires et 14 citations trouve là une nouvelle vie, sur l’initiative son fils Lionel Sauvage : si le texte intégral est inchangé, il est enrichi d’un grand nombre d’excellentes photos prises par Sauvage lui-même, d’Aïn-Sefra en septembre 1943 à Paris en juin 1945, en passant par l’URSS, la Lituanie et l’Allemagne. Ce n’est pas tout : les dessins et caricatures de son ami, Pierre Déchanet, un autre pilote, apportent une plus-value supplémentaire à cette édition véritablement nouvelle. L’ensemble bénéficie enfin de beaux profils couleur d’avions du « Normandie-Niemen » ou de ses adversaires, dus aux talents de Vincent Dhorne et de Thierry Vallet, avec le regret toutefois que certains dessins occupant pratiquement la largeur de deux pages, sont coupés par la reliure. Les annexes de l’édition originale de 1950 ont également été conservées et augmentées : liste des pilotes du « Normandie-Niemen », des victoires, décorations et citations de l’auteur, 11 pages de photos retraçant sa carrière avant et après la Seconde Guerre mondiale, carte des stationnements lors des 2e et 3e campagnes de l’unité.
Le livre, très réussi, est de ceux qu’on gardera longtemps pour son fond et pour sa forme. Bien évidemment, les récits de pilotes publiés depuis la Grande Guerre ne peuvent pas tous bénéficier d’une telle richesse photographique, mais on peut maintenant rêver à certaines rééditions ainsi enrichies, pouvant attirer plus facilement les jeunes générations par l’illustration, tout en conservant l’esprit et la lettre authentiques du récit initial.
Bernard Palmieri
192 pages, 15 x 21 cm,relié
1,050 kg