L’histoire locale semble avoir un certain succès de librairie depuis quelques années. Cela nous offre l’occasion de voir aborder des sujets aéronautiques sous un angle plus local, au travers de récits davantage portés par les souvenirs émoussés de témoins locaux que par une quelconque rigueur technique. Parmi ces ouvrages, quelques-uns réservent parfois de bonne surprises, ou tout au moins apportent un éclairage différent, qu’il est parfois bon de savoir découvrir. Ce livre sur Ambérieu et son terrain d’aviation est plutôt agréable, fort bien écrit, par un auteur passionné par sa région.
Georges Martin n’en est pas à son coup d’essai et cela se sent à la lecture. Son texte est assuré et sa profonde connaissance des relations politiques et personnelles des protagonistes rend le texte facile et agréable. Il y est évidemment question d’aviation avant tout, mais l’auteur connaît ses limites et évite le piège de tenter d’entrer dans un domaine qu’il maîtriserait moins. Peu d’informations techniques, mais des faits précis et recoupés, au service d’un texte bien construit. Le point d’orgue concerne la construction de l’usine qui devait recevoir les chaînes de fabrications des LeO 451 durant la guerre. En s’appuyant sur le haut niveau de connaissance de quelques passionnés comme le colonel Meunier, Georges Martin assure un excellent équilibre entre les renseignements purement aéronautique et leur imbrication dans le contexte local et circonstancier. L’illustration par de grandes photographies, nombreuses et de bonne qualité, complète agréablement l’ensemble.
La dernière partie présente les activités récentes de la base aérienne. Manifestement dictée par un service de communication officiel dont le rôle est d’aseptiser toute parution sur le sujet, cette dernière partie en est devenue presque ennuyeuse. Le style fade tranche avec la flamboyance et la passion portée par les chapitres précédents. C’est probablement la rançon de notre époque où la moindre originalité de langage est décortiquée par des analystes qui font profession du conventionnel et du « politiquement correct ». C’est dommage, cela gâche un peu l’impression globale, assez favorable, qui se dégage de cet ouvrage.
Philippe Ricco
128 pages (dont 32 en quadrichromie)
23 x 30 cm