Un siècle d’industrie aéronautique

à Caudebec-en-Caux / Saint-Wandrille-Rançon
Michel Poinfoux

« Qu’est ce qu’une usine aéronautique est venue faire ici ? » Cette question, Michel Poinfoux l’a entendue pendant toute sa carrière, et c’est pour y répondre qu’il a publié cet ouvrage, profitant de l’occasion du centenaire de la naissance de l’usine entre Seine et plateau cauchois, ce qui en fait l’un des plus ancien site industriel aéronautique encore en activité !

Une installation moins incongrue qu’il n’y paraît, lorsqu’on sait que le fleuve forme en aval de Caudebec un des plus beaux plans d’eau utilisables par les hydravions qui existent entre Cherbourg et la mer du Nord, jusqu’à dépasser Villequier, l’endroit même où disparu la fille de Victor Hugo ; il est donc moins surprenant de voir s’installer sur les berges un atelier de construction en 1916 quand la guerre sous-marine impose de produire toujours plus d’hydravions.

Créée par deux industriels d’origine suisse, l’usine est rapidement reprise par Jean Latham, un cousin havrais du célèbre pilote d’avant-guerre, et qui persiste dans son entreprise après la fin de la Grande Guerre, produisant une soixantaine de machines – dont le fameux Latham 47 qui ira se perdre au Spitzberg en 1928, à la recherche de l’équipage du dirigeable de Nobile.

Les ateliers seront repris par la suite par Félix Amiot avant d’être nationalisés au sein de la SNCAN, mais l’histoire est loin de s’arrêter après la dernière guerre, car l’activité du site est relancée en 1952 par les Chargeurs Réunis qui décident d’y créer un atelier de révision des réacteurs du Comet dont sa filiale UAT vient de commander plusieurs exemplaires. On connaît le destin de cet avion, mais l’élan est donné et aujourd’hui encore, la REVIMA est une entreprise dynamique, partagée en deux entités qui emploient plusieurs centaines de personnes à la révision de trains d’atterrissage d’un coté, et de générateurs auxiliaires embarqués (APU) de l’autre, longue activité qui justifie que la moitié de l’ouvrage soit consacrée à cette période, ce qui rappellera certainement de nombreux souvenirs aux anciens…

Ce livre est particulièrement le bienvenu pour deux raisons: nous nous ne disposions jusqu’à présent que de quelques articles consacrés aux hydravions Latham, datant de « l’âge d’or » d’Aviation Magazine, ainsi que du très bon ouvrage de Frédéric Patard consacré au entreprises de Félix Amiot, mais aucune de ces sources ne développait réellement l’histoire du site lui-même, laissant bon nombre de questions en suspens qui sont « élucidées ici », comme l’existence éphémère d’un aérodrome dans la vallée de l’abbaye de Saint-Wandrille. La principale qualité du livre, au-delà de l’excellent récit de Michel Poinfoux, est une iconographie particulièrement riche et remarquablement reproduite – tant en taille qu’en définition, ce qui doit être mis au crédit de l’association de cartophiles qui en est l’éditrice. Avec une belle mise en page et un prix modique, tout ceci en fait une des bonnes surprises de l’année.

Pierre-François Mary


112 pages, 28 x 21 cm, couverture souple pelliculée
200 photos
0,475 kg

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Les cartophiles caudebecquais

ISBN 978-2-9532444–2-7

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