Vous êtes ici : Non classé   

Une page de l’aviation antiboise

1908-1913, les pionniers de l’aviation antiboise
1920-1946, naissance et destruction de la base d’hydravions d’Antibes
Élisabeth & Claude Antonini Basset – Terrusse

Les vingt années qui séparent les deux guerres mondiales furent sans nul doute un Age d’Or pour l’hydraviation ; avec des moteurs à la fiabilité encore aléatoire, la possibilité de se poser en mer semblait offrir une relative protection aux occupant de l’appareil en cas de panne, relative car l’issue d’un amerrissage d’urgence dépendait largement de l’état de la mer… Autre avantage, une vaste étendue d’eau permettait une course au décollage seulement limitée par la durée de fonctionnement à la puissance maximale des mêmes propulseurs, suivie d’une lente montée libre de tout obstacle.

Au début des années vingt, les côtes françaises offraient ainsi un grand nombre d’hydrobases, dont un bon nombre héritées de la guerre, certaines aménagées par la Marine Nationale, d’autres pour les besoins de l’aviation civile, comme c’était le cas dans le port d’Antibes, le sujet de l’ouvrage qui nous intéresse ici.
Pourquoi Antibes plutôt que Nice ? Les auteurs ne le disent pas, mais peut-être le trafic ou la taille du port de cette dernière ne le permettait pas, ou bien le site retenu par le service de la Navigation Aérienne était-il plus accessible à une clientèle fortunée séjournant à Cannes…

Le travail d’Elisabeth et Claude Antonini repose largement sur les documents qui avaient été conservés par Albert Terrusse, embauché en 1920 comme radio-électricien, et qui allait devenir le commandant de l’hydrobase jusqu’à sa fermeture en 1946. Une première édition était parue en 2005, exhumant une histoire largement inédite, et il faut saluer la décision de la petite-fille d’Albert Terrusse et de son époux de se lancer dans cette révision, d’une mise en page bien plus ambitieuse, comme il est hélas encore trop rare de le voir, beaucoup d’auteurs semblant s’être épuisés à sortir de l’oubli leurs archives familiales !

Plutôt qu’une révision, cette nouvelle édition est un développement de l’ouvrage de 2005 dont certains chapitres n’ont que peu changé, mais qui détaille d’autres aspects à peine évoqués précédemment, comme l’activité de la Compagnie Aérienne Française (1), venant compléter celles du constructeur Lioré et Olivier et de diverses compagnies assurant une liaison aérienne entre la région niçoise et la Corse ou l’Afrique du Nord.
Outre ce texte plus étoffé, cette nouvelle édition offre une iconographie incomparablement plus belle, d’une qualité exceptionnelle pour un ouvrage auto-édité, bien contrastée, comme à l’Age d’Or du noir-et-blanc dans les années cinquante-soixante ; ces illustrations dans la plupart des cas sont le résultat des nombreux contacts liés par les auteurs à la suite de la parution du premier livre, prouvant une fois de plus que de nombreux trésors n’attendent que d’être mis au jour.

L’histoire du quart de siècle d’existence de l’hydrobase est complétée par celle d’un premier aérodrome créé à Antibes dès 1908-09 par un antibois, Joseph Garbero, avec l’aide de se deux frères, une petite plate-forme aménagée en bord de mer entre le Fort Carré et l’embouchure de la Brague. Avouons que nous avons été moins convaincu par ce chapitre, pour lequel les auteurs se sont manifestement trop reposés sur des articles parus dans la presse locale – se contentant comme trop souvent de recycler des informations approximatives, un peu trop enclins à présenter ces figures locales comme d’exceptionnels inventeurs : après une première machine en 1908 dont on ne sait pas grand-chose, Joseph Garbero rachète l’année suivante un Blériot dont il modifie l’empennage avant d’ouvrir sur le même terrain une école Hanriot, constructeur dont il remotorisera ou équipera de flotteurs quelques modèles, ne produisant jamais d’appareils véritablement nouveaux. Au moins ce chapitre offre-t-il également une iconographie intéressante, dont de rares clichés du terrain de la Brague ou des appareils de constructeurs locaux comme le niçois Pacchiotti (un étonnant bi-monoplan présenté page 8 a résisté à toute tentative d’identification !).

Malgré ces petites réserves, nous recommandons chaudement la lecture de ce beau témoignage en grande partie inédit, et répétons-le magnifiquement illustré; que les auteurs et leurs correspondant soient remerciés d’avoir généreusement rendues publique ces archives familiales.

Pierre-François Mary

(1) Rappelons à cette occasion la publication par Icare en 2011 d’une très belle histoire de cette entreprise (n° 218).


Télécharger le bon de commande imprimable


132 pages, 29,7 x 21 cm (A4), relié couverture rigide
0,792 kg


En bref

Élisabeth & Claude Antonini Basset – Terrusse autoéditeurs

ISBN 978-2-9523334-2-4

22 €