Vous êtes ici : Biographies et autobiographies   

Une trace dans le ciel

Roman
Agnès Clancier

On ne naît pas passionné par l’histoire de l’aviation. Les portes d’accès à ce centre d’intérêt (voire à cette passion) sont multiples. Combien de vieux barbons devenus auteurs réputés ou rédacteurs en chef de très sérieux magazines ont commencé par réunir pieusement les modestes notices historiques qui accompagnaient les maquettes Airfix ? Combien d’entre eux ont-ils vu leur « dada » conforté par « Les belles histoires de l’oncle Paul » (Spirou) ou le « Pilotorama » central du magazine Pilote. Les voies d’accès sont nombreuses ; ce n’est pas du jour au lendemain que l’on s’offre une biographie en deux épais volumes d’un célèbre aviateur ou que l’on met plusieurs centaines d’euros sur une monographie du Mirage III.

Le roman biographique (ou la biographie romancée) est l’une de ces portes d’entrée. Une voie qui peut être profitable, pourvu que le lecteur ou la lectrice prenne bien conscience de la nature de l’écrit présent en ses mains. Un roman biographique, c’est un peu de la « docu-fiction ». Construit sur un canevas historique, il prend des libertés avec la réalité historique, ce qui évite la morosité de nombre de ces écrits. Cette démarche, ne manquant pas d’intérêt, comporte néanmoins des écueils. En particulier, un néophyte peinera à discerner le réel de l’imaginaire. En ceci, il est essentiel que l’auteur et l’éditeur mentionnent le caractère romanesque de l’ouvrage, ce qui est fait ici en page de grand titre et dans le communiqué de la quatrième de couverture.

La trame de ce « bio-roman » ? La vie de Maryse Bastié, une aviatrice rendue célèbre par ses exploits aériens, mais qui fut également une ardente militante pour le vote des femmes ainsi qu’une patriote qui, pendant l’Occupation, fut active dans la Résistance. C’est donc un sujet des plus riches qu’a choisi Agnès Clancier pour son livre. On pourrait la soupçonner de l’avoir présenté comme roman pour éviter les foudres des historiens, mais son ouvrage tient largement de la solide biographie bien documentée, si ce n’était un style d’une grande fluidité. Au bout du compte, un des intérêts de Une trace dans le ciel réside vraisemblablement dans le fait de, sous couvert de plaisante littérature, faire revivre une grande dame de l’aviation. La plume d’Agnès Clancier s’avère des plus agréables, son livre est mené avec rythme, et si c’est un (pseudo) roman qui doit amener le « grand public » à faire connaissance avec Maryse Bastié, ce n’est pas nous qui nous en plaindrons.

Philippe Ballarini


280 pages, 12,5 x 20,5 cm, couverture souple
0,303 kg


NDLR : Peut-être eussions-nous aimé que, comme c’est trop rarement le cas pour les « romans historiques », l’auteur ajoute à la fin de son ouvrage une annexe précisant les quelques libertés qu’elle a pu prendre avec la réalité historique.

En bref

Éditions Arléa

ISBN 978-2-36308-140-7

20 €