Si le grand public a bien retenu le nom des premiers astronautes, le grand développement du nombre des postulants à l’Espace, lors des années « navette spatiale/ISS », a souvent fait retomber la majorité d’entre eux dans un anonymat bienveillant.
Ce doit être le cas de Mike « Mass » Massimino en dehors des États-Unis. Et pourtant, c’est un personnage extraordinaire. Il est non seulement l’exemple vivant d’un rêve américain qui permet à un gamin de Long Island, fils de pompier et petit-fils d’immigrés italiens de -presque- atteindre les étoiles, mais il a été également pour la NASA un de ses meilleurs porte-parole.
Ce livre est en effet le récit d’un enfant de 7 ans qui découvre en direct les images du premier pas sur la Lune, qui décide alors qu’il sera un jour astronaute, et qui parvient 32 ans plus tard à réaliser son rêve en allant jouer à deux reprises les mécanos de l’Espace sur le télescope Hubble. Mais c’est aussi l’histoire d’un rêveur qui sait admirablement expliquer ses rêves et d’un observateur qui adore raconter sa vision de la Terre vue d’un poste d’observation unique perché à 560 km d’altitude, ou les sensations qu’il ressent alors et les sentiments que cela fait naître en lui.
C’est aussi un brave gars qui sait mettre en valeur le travail d’équipe, le franchissement des obstacles dans la vie, la solidarité et l’amitié. C’est cette capacité à transmettre et à expliquer que la NASA a su mettre en valeur en le propulsant au-devant des médias ou sur toutes les estrades nord-américaines pour des conférences, pour raconter sans fin ses histoires de victoire sur l’adversité grâce à sa persévérance et à sa facilité à se faire des amis.
Le second vol spatial de « Mass » a eu également la particularité de se produire au moment même de l’arrivée des réseaux sociaux. Il a donc été le premier astronaute à commenter sa préparation sur Twitter, et surtout le premier à envoyer un Tweet de là-haut.
C’est donc un témoignage de premier plan qui nous est proposé avec ce livre. Il faut reconnaître qu’il est difficile de mieux exprimer ce que ressent physiquement un astronaute lorsqu’il doit s’adapter à l’apesanteur, ou les pensées qui lui trottent dans la tête lorsqu’il doit affronter un événement imprévu, comme une vis récalcitrante lors du changement d’un élément fondamental en pleine sortie extra-véhiculaire.
S’il semble bien adapté en français, le livre surprend par le ton familier adopté lors des premières pages (« mon pote », « les chiottes », « tailler la route »…), à se demander si c’est aussi le style de la version originale. La traduction est également surprenante lors de la partie « entraînement en avion », aux alentours des pages 97 à 100 :
– les « pales d’un chasseur » où le contexte peut nous laisser espérer qu’il s’agisse d’ailes ;
– la post-combustion devenue « brûleur auxiliaire », certainement avec l’aide de Wikipédia (où l’on trouve ce terme) ;
– la « ligne de vol » où s’installe le pilote, traduction littérale de « flight line » ;
– le « posé-décollé », qui n’est pas faux pour traduire un touch-and-go, mais si peu usité par rapport à l’original anglo-saxon ou simplement à un « touché ».
Hormis ces détails, le livre est très agréable à lire. Deux extraits pour vous en convaincre ?
« Mais même avec toute cette attente et cette formation, je n’étais pas prêt. Rien de ce que l’on fait sur cette planète ne peut vraiment vous préparer à ce que la quitter signifie. »
« C’est drôle, au début, je me faisais l’effet d’être un imposteur quand je disais aux gens que j’étais astronaute alors que je n’étais pas encore allé dans l’Espace. Et un jour j’ai compris que j’avais tort. « Aller dans l’Espace » ne fait pas de vous un astronaute. C’est « être un astronaute » qui signifie que vous êtes prêt à aller dans l’Espace. »
En dehors des 1ère et 4e de couverture, l’ouvrage n’est pas illustré de photos.
Jean-Noël Violette
275 pages, 15,3 x 24 cm, broché
0,440 kg