USMC Aviators

Les aviateurs des Marines dans le Pacifique 1941-1945
Gregory Pons

Réputés pour leur isolationnisme, les USA ont toujours eu une notion de frontière au-delà de leurs frontières. Dès le XIXe siècle, ils menèrent des opérations extérieures, et leur doctrine militaire en vint à conclure que leur succès — lorsqu’elles étaient menées outre-mer — dépendait d’un assaut maritime lequel nécessitait des troupes dédiées*. Ainsi, au sein de la Navy virent le jour les Marines dont le rôle se confirma à la fin de la Première Guerre mondiale. Très vite, ces troupes comprirent que la spécificité de leur tâche impliquait une maîtrise de l’air et un étroit appui aérien qu’elles seules pouvaient assurer conformément à leurs propres besoins.

Dès 1914, une section Marines fut constituée au sein de l’école de l’air de la Navy. Et à l’été 1918, les Marines envoyèrent en France certains de leurs pilotes formant à l’Armistice huit squadrons et disposant déjà d’un palmarès respectable. Ces unités regroupant des milliers d’hommes furent, comme partout dans le monde, mises en veille durant les années vingt et, comme nous le rappelle Grégory Pons, malgré le conflit européen et les tensions avec le Japon, ce n’est qu’une poignée de ces hommes qui étaient en fonction au 6 décembre 1941.

Comme pour les autres forces armées américaines, Pearl Harbor fut le coup de starter d’une expansion stupéfiante. En effet, de quelques centaines d’hommes alors, elle passa à plus de 115 000, mettant en œuvre 103 squadrons. Retrouver des témoins parmi cette foule près de trois quarts de siècle plus tard n’est pourtant pas aisé, surtout parmi ceux ayant connu le feu des premières batailles. C’est ce qu’a réussi Grégory Pons afin de nous livrer leurs récits qu’il illustre de reconstitutions. En effet, à côté des coupures de presse, les carnets de vol, les cartes et les photos, dans un échantillonnage qui couvre toute la guerre du Pacifique et montrant la diversité des situations que connurent ces personnels, de fréquents tableaux avec mannequins inventorient les tenues et les équipements jusque dans leurs moindres détails. Si le militaria ne vous passionne pas, ne négligez pas ce livre où les photographies d’époque, souvent en grand format, livrent moult détails que les maquettistes mettront à profit pour leurs dioramas… ou un simple modèle. Le dernier témoignage, par exemple, est illustré de portraits devant les avions utilisés pour l’instruction en métropole, lesquels montrent des signes de fatigue que la proximité des usines ne compense pas. Un point que Nicholas Gohin a intégré à ses profils, chacun se référant à un cliché. Un exercice que nous apprécierions voir plus fréquemment, surtout quand il est aussi bien réussi.

Finissant logiquement par une unité qui n’eut pas le temps d’achever son instruction lorsque le VJ Day** survint, l’auteur nous fait découvrir combien cette force d’élite associait organisation et sens pratique, et déroulait la puissance des USA. Un ouvrage qui traite d’histoire mais davantage sous le jour du témoignage humain et du militaria qu’une étude classique sans pour autant se départir d’une trame expliquant l’évolution des Marines durant ces années et pourquoi ils furent cantonnés à ce théâtre d’opérations.

François Ribailly


192 pages, 23 x 34 cm, relié couverture rigide


* dans l’absolu, les Marines datent même des débuts (1775) de la jeune Confédération, mais dans un rôle alors différent.
** VJ Day : Victory over Japan day (jour de la victoire sur le Japon)

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Eden Mili-Arts

ISBN 978-2-9540390-0-8

39,90 €