Faire vivre une collection n’est pas chose aisée : au bout de quelque temps, on peine à trouver de nouveaux sujets… et des auteurs compétents pour les traiter. Avec près d’une vingtaine de volumes, on pouvait penser que la collection « en images » allait manifester des signes d’usure. C’était méconnaître les ressources de certains passionnés d’aviation.
En traitant en 2009 des aéroplanes des pionniers, Jean Molveau et Francis Bedei avaient fait prendre un premier virage à la collection, tentant d’amener le « grand public » vers un sujet réputé assez peu « vendeur ». D’un point de vue éditorial, ce fut une réussite, les deux compères ayant du « biscuit »… ainsi que les connaissances requises pour donner des lettres de noblesse au mot « vulgarisation ». Le tandem récidive, avec cette fois un sujet encore moins couru : les dirigeables.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore la collection « en images », sachez que le schéma directeur, c’est « un avion, deux pages » : à droite une photo en pleine page, à gauche un texte explicatif. Avec Les aéroplanes des pionniers, Jean Molveau et Francis Bedei avaient déjà astucieusement contourné l’obstacle en présentant non pas un seul appareil par double page, mais quatre. Ils ont récidivé avec Vaisseaux aériens, présentant à chaque fois quatre photos au format 7 x 11 cm. Cela donne à ce volume une toute autre orientation, davantage « livre » qu’album. La différence avec les autres volumes apparaît d’emblée avec une introduction beaucoup plus étoffée qu’à l’ordinaire.
Nous commençons cette lecture avec les inévitables Giffard, Dupuy-de-Lôme et Tissandier, puis nous passons à La France de Renard et Krebs, qui fut le premier dirigeable réellement fonctionnel de l’Histoire. Suivent ensuite une kyrielle de dirigeables souples, semi-rigides, rigides, à propulsion électrique, diesel… Aux côtés des incontournables Zeppelin, Jean Molveau et Francis Bedei font apparaître des dirigeables bien moins connus : Schütte-Lanz, Parseval, Severo, Bradsky…
L’incendie meurtrier du R-101, la fin de l’Akron (73 morts) dans une tempête, mais surtout le très médiatisé accident du Hindeburg à Lakehurst le 6 mai 1937 sonnèrent pour longtemps le glas des dirigeables. Ils n’ont pas pour autant disparu des cieux, puisque les auteurs nous font découvrir un chapelet de très modernes nouveaux aérostats, dont quelques-uns à propulsion humaine… et à ailes battantes !
Ce passionnant Vaisseaux aériens nous propose donc, pour un montant très raisonnable, une histoire des dirigeables à la fois dense, complète et abordable, mise en forme par deux authentiques spécialistes. Accessible au grand public, ce livre est assez proche d’une « mini-encyclopédie » des dirigeables et contient des informations qui intéresseront également les plus savants des amateurs d’Histoire de l’aéronautique.
Les illustrations, de bonne qualité, sont soutenues par des textes allant à l’essentiel. Comme d’habitude, tout cela est très bien imprimé sur du papier de fort grammage. On en redemande !
Philippe Ballarini
96 pages, 26 x 19 cm, couverture souple
– Les autres ouvrages de la collection « En images »