Exceptionnellement, une petite touche personnelle à cette recension : j’ai la chance d’être d’une génération qui a bien connu les débuts de l’épopée spatiale. Je me souviens très bien de la plupart des événements spatiaux qui marquèrent cette époque, ainsi que de l’engouement du « grand public » (y compris les gamins) pour ce qu’il convient de considérer comme une sacrée aventure ! L’ouverture de rideau eut lieu avec la première satellisation : celle de Spoutnik 1 (1957), puis ce furent les sondes spatiales Luna (1959), Youri Gagarine, le premier cosmonaute (1961), John Glenn (1962), Alexei Leonov (1965) et la première sortie extravéhiculaire… jusqu’à l’apogée : la première mission lunaire (Apollo 11, 1969).
Nous étions en pleine guère froide et ce fut le désir de Nikita Khrouchtchev* de donner une image pacifique qui fut à l’origine du vol de Valentina Terechkova, la première femme cosmonaute. Ce fut un événement important dans le cadre de la propagande soviétique. Cela visait à démonter la nette supériorité des Russes sur les Américains dans la course à l’espace, donnant l’image de la libération de la femme en URSS et entrait dans le cadre d’une campagne de démonstration de la volonté soviétique de non-bellicisme. Extraire cette femme des limbes de l’oubli par le biais de la bande dessinée, voilà une bonne idée.
Une évidente dimension politique : en 1963, le triomphe de l’URSS dans la course à l’espace.
Dans cet album, assez peu de planches pour narrer le vol historique du 16 juillet 1963. Par ailleurs, les (nombreuses) difficultés que rencontra Valentina Terechkova sont écartées ; ce n’est en fait pas le sujet central de l’album, qui est particulièrement fouillé sur l’enfance de la première cosmonaute, ce qui l’amena à être sélectionnée, son état d’esprit, sa préparation à la mission, et également la dimension politique de son vol. L’ensemble est fort correctement documenté, le scénario de l’album est équilibré. Au bout du compte, si le vol historique est assez peu détaillé, nous apprenons pas mal de choses très peu évoquées par ailleurs.
Le visage de Valentina, plutôt classique, n’est pas des plus aisés à dessiner : il recèle fort peu de traits marquants. On remarquera la présence d’Alexei Korolev, plutôt bien croqué. L’ensemble, de facture conventionnelle, d’une grande lisibilité, avec un équilibre certain entre images et textes, est finalement aussi documentaire que graphique. Les avions (An-2, MiG-17, Tu-144 mâtiné d’Il-18) ne sont pas très nombreux. Il entre dans la collection Pionnières,des Éditions Soleil. À recommander particulièrement à des jeunes avides de bandes dessinées, cet album peut également trouver sa place dans le CDI d’un collège. Il se clôture avec des portraits de Sally Ride, Mae Jemison, Liú Yáng, Kathy Sullivan, Peggy Whitson… Pourquoi pas un jour un album sur la baronne de La Roche ?
Philippe Ballarini
* Nikita Khrouchtchev (1894-1971) était en 1963 Premier secrétaire du Comité central du Parti communiste de l’Union soviétique et Président du Conseil des ministres de l’URSS.
56 pages, 23 x 32 cm, couverture cartonnée
0,586 kg
Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Soleil
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