La carrière de pilote militaire de transport du colonel Jérôme Anrès est passée par des affectations et des appareils qui ne sont que rarement sous les feux des médias. Après une formation à Aulnat et Avord, un passage à l’ET 1/62 « Vercors » de Reims, les premiers temps forts de son activité ont pour théâtre le Tchad, au sein du Groupe mixte de transport 59 « Orléans », au début des années 70. Qualifié tant sur Nord 2501 que sur Broussard, il y mène de nombreuses missions dont il apprécie la diversité, du largage de sacs de courrier à des villages isolés, à l’exfiltration d’agents du SDECE accompagnés d’otages libérés, de nuit et en zone hostile. On ne peut mieux apprécier la polyvalence des unités du TAM postées à l’étranger qu’avec ces récits … C’est aussi l’époque où certaines missions de transport sont escortées par les Skyraider tchadiens pilotés par des … Français.
L’auteur nous conduit ensuite à la Réunion, où il est affecté à l’Escadron de transport outre-mer 50, sur Transall. Là encore, le soutien aux populations, même sur les Îles éparses, l’assistance aux naufragés constituent le quotidien des équipages. Épisode peu courant, on assiste aux mesures prises dans un escadron de transport face… à un cyclone. L’auteur nous apprend qu’il est alors plus utile de « faire piloter les avions au sol », au roulage, cherchant constamment à faire face au vent dominant tout en plaquant l’appareil au sol du mieux possible, plutôt que de le parquer et de le saisiner le plus solidement qui soit. Enfin, c’est l’Escadron de transport et d’entraînement 44 « Mistral » d’Aix-les-Milles qui accueille le commandant Anrès à sa tête, dans le milieu des années 80. Ici encore, l’unité aérienne mise à disposition de la 4e Région aérienne fait preuve d’un sens élevé du service public, à travers les multiples évacuations sanitaires en Nord 262. D’ailleurs et peu avant l’arrivée de l’auteur au « Mistral », l’unité s’est vue décerner en 1979 la Médaille d’Honneur du Service de Santé des Armées, des mains du général Valérie André.
Le grand intérêt des 400 pages de Vécu entre ciel et terre est de nous plonger dans les missions du TAM qui ne relèvent pas des « escadrons tactiques », tels les aérolargages ou la coopération avec les forces spéciales, mais qui sont la raison d’être des « autres escadrons », souvent en liaison directe avec les populations civiles et à leur profit. On pourra éventuellement regretter d’assez longues digressions sur la vie familiale et quelques réflexions personnelles sur l’existence, autant de moments qui nous font patienter entre deux récits passionnants et passionnés, mais pour Jérôme Anrès, voler, servir son pays et vivre, c’est un tout qu’il fallait exprimer d’un seul tenant dans son livre.
Bernard Palmieri
296 pages, 15,3 x 24 cm, couverture souple
0,470 kg