Depuis un siècle de commémorations de la bataille de Verdun, il est bien difficile d’expliquer quelle fut exactement le rôle pourtant essentiel de l’aéronautique dans les combats, au-delà de l’image quasi légendaire de Navarre et de ses compagnons, comme si seul le récit de leurs duels avec les pilotes allemands, gardant un prétendu semblant d’humanité, pouvait servir de repoussoir au carnage qui se déroulait sous les ailes. Comment opposer les 200 équipages tués en combat aérien aux plusieurs centaines de milliers de disparus dans la boue des tranchées, chiffre dérisoire mais qui cache la proportion de victimes la plus importante parmi les différentes catégories de combattants, dont ce qui peut souvent passer pour un sacrifice fut déterminant pour donner des yeux à l’artillerie française tout en aveuglant celle de l’ennemi !
C’est à cette tâche compliquée que s’est attaché le Musée de l’Air et l’Espace, avec une trop courte exposition pendant l’hiver 2016-2017, mais aussi avec ce remarquable ouvrage publié sous la direction de deux conservateurs du musée, Clémence Raynaud et Gilles Aubagnac, à nous devions déjà l’ouvrage qui avait accompagné l’exposition La Grande Guerre des aviateurs organisée deux ans plus tôt.
Avec une douzaine d’autres historiens, ils ont tenté de replacer cette partie aérienne mal connue des combats dans le contexte stratégique et industriel de l’époque, dans le cadre de la « mémorialisation » de cette bataille jusque dans les manuels scolaires, mais aussi dans le travail des historiens. La violence de l’engagement des moyens aériens conduisit bien sûr l’état-major français à reconsidérer ses options stratégiques et tactiques, comme elle bouscula bien des certitudes au sein des services techniques et industriels de l’arrière, on lira à ce sujet la contribution d’Eric Lahille qui vient faire la part entre la réalité et ce dont les responsables voulurent bien par la suite se rappeler…
Difficile de résumer en quelques lignes les diverses interventions, répétons encore une fois que cet ensemble constitue une très bonne addition à la bibliographie trop restreinte de la part aéronautique de la Grande Guerre, en déplorant qu’aucun travail majeur sur le sujet n’ait vu le jour depuis quatre ans que les commémorations du conflit ont été lancée… La seule petite réserve que nous pourrions émettre concerne certaines répétitions dans la présentation du contexte de chaque article. Si Jan Behrendt contribue à l’ouvrage en ébauchant une étude du point de vue allemand, comment ne peut-on pas, 100 ans après le conflit et plus de 50 ans après la construction de l’Europe, disposer d’un ouvrage comme celui-ci où les contributions allemandes et françaises seraient à parité ?
Au risque une fois de plus de déborder de la simple recension, notons que le travail des deux conservateurs nous donne à imaginer ce que pourrait être la production éditoriale d’un musée de l’Air et l’Espace disposant d’un véritable centre de recherches, à l’instar de l’Historial de la Grande Guerre à Péronne…
Pierre-François Mary
216 pages, 20 x 27 cm, couverture semi-rigide avec rabats
0,935 kg
– Sous la direction de Gilles Aubagnac et Clémence Raynaud
– Un article de Frédéric Marsaly sur l’exposition organisée par le Musée de l’Air et de l’Espace
Avec l’aimable autorisation des © Éditions Pierre de Taillac
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