Avec Vieilles plumes nous pourrions être devant un dilemme : s’agit-il d’une revue à parution annuelle, ou d’un livre s’inscrivant dans une lignée, certes numérotée, étant donné l’unicité de son sujet central ? Jouons le jeu du livre, afin de vous en détailler la recension.
Cette étude annuelle de la commission historique de la Fédération Française de Vol à Voile est, cette fois-ci, consacrée à la relativement brève existence d’un très grand centre de vol à voile qui n’est resté célèbre pour le grand public que pour le meeting qui s’y tient au printemps, La Ferté-Alais.
La première moitié de l’ouvrage est conçue un peu comme un journal qui en aurait été tenu par ceux qui on fait vivre ce centre ; la vie au jour le jour y est détaillée. L’existence de structures voisines y est esquissée, l’Arsenal de l’aéronautique, l’Amicale J.B.Salis, les aérodromes des alentours, avec en toile de fond, se mettant progressivement en place, l’épée de Damoclès du déménagement forcé qui finit un jour par tomber.
Si l’on veut relater l’histoire d’un aérodrome et que l’on veut faire quelque chose de complet et de vivant, je viens de découvrir quelques trucs avec cette lecture :
– choisir une période assez courte pour tendre à l’exhaustivité
– prendre également une époque pas trop ancienne pour que des témoins soient encore parmi nous, mais bien sûr pas trop récente pour que cela soit quand même de l’histoire
– préférer un haut lieu de l’aéronautique pour la richesse des événements
C’est ce qu’on réussi les auteurs dans la première partie de cette étude, et on constate que la méthode marche bien :
– durée de 25 années, juste assez pour ne pas être superficiel, et pas trop pour ne pas finir par être répétitif
– années de 1945 à 1969, dont pas mal de ceux qui les ont vécues sont encore parmi nous, ou ont tout du moins pensé à laisser une trace écrite de leurs souvenirs
– enfin avec comme sujet le plus grand centre de vol à voile français des lendemains de la seconde guerre mondiale, où l’activité a été très intense, les records nombreux, les personnages hors normes.
La seconde moitié, si elle part d’un bon sentiment en nous présentant en annexe les personnages hauts en couleur rencontrés dans la première partie, les appareils utilisés, planeurs et avions (ou tout du moins ceux sortant un peu de l’ordinaire), les records et les résultats réalisés, fait un peu « caverne d’Ali-Baba » du fait peut-être de sa richesse même : on a souvent l’impression de retrouver plusieurs fois dans l’ouvrage tel ou tel record, ou une présentation de tel ou tel pilote. Mais finalement abondance de bien ne nuit pas…
Enfin les dernières pages sont consacrées à un petit album de photos et de cartes postales, et surtout à une liste, année par année des pilotes qui ont animé les années vélivoles de La Ferté.
Les photos sont d’assez bonne qualité dans l’ensemble compte tenu du mode de reproduction (scan et impression laser). Le livre est aussi émaillé de reproductions des célèbres illustrations de Georges Beuville, puisqu’il fait partie de ceux qui ont marqué de leur empreinte ce terrain. À noter tout spécialement les anecdotes et témoignages parfois savoureux (ceux rapportés pas Michelle Mousset sont à pleurer de rire).
En résumé, voilà un travail très riche, plein d’enseignements, parfois un peu décousu peut-être. Le seul reproche que l’on puisse faire au bulletin « Vieilles Plumes » est encore sa qualité d’impression. On est quand même heureusement loin des premiers millésimes, façon photocopies agrafées et la qualité (impression laser) s’est grandement améliorée. Mais les photos, par exemple, mériteraient certainement une meilleure définition. Peut-être sera-ce le cas dans le futur ?
Jean-Noël Violette
210 pages, 21×29,7cm
Reliure spirale, couverture souple