Voici un nouvel exemplaire de Vieilles plumes. Rappelons, pour les néophytes, qu’il s’agit d’une publication de la commission historique de la Fédération Française de Vol à Voile, sans réelle périodicité. Ce n’est donc pas une revue, malgré son numérotage ; plutôt une collection d’études consacrées à cette histoire vélivole, un peu comme Icare, toute proportion dans les moyens de publication étant gardée.
Le vol à voile des années trente a déjà fait l’objet des n°5 (Le vol à voile dans les années 30), n°6 (E.Jarlaud/O.Giraud, Records fin 1939), n°7 (Avia 40P, Chronologie 1933-40, Eric Nessler), n°12 (Vauville, G.Abrial) et n°17 (G.Abrial et le Groupe l’Air 1930-39), sans compter un hors-série sur le centre de la Banne d’Ordanches (Planeurs au-dessus des volcans) et d’autres articles plus transversaux dans d’autres numéros, dont une partie se déroule pendant ces années-là. Mais, comme le rappellent les rédacteurs, et notamment Jacques Marceau qui a été la cheville ouvrière de cette publication-compilation, c’est une période à la fois charnière pour le développement et l’organisation future de l’activité, et restée longtemps terriblement méconnue. Les recherches sur ce sujet ne semblent jamais définitives, mais elles ont beaucoup avancé et un numéro de synthèse semblait nécessaire.
Il est à noter, et on ne peut qu’être satisfait de la convergence des intérêts des chercheurs sur cette époque, qu’est paru également en 2006 par Christian Ravel Les planeurs de l’AVIA 1930-1947.
Ce numéro de Vielles Plumes évite heureusement de faire simplement du neuf avec du vieux, et les articles déjà publiés auparavant ne sont inclus qu’à titre de complément et d’illustration. On a plaisir à y retrouver aussi des travaux et exposés réalisés par les grandes signatures de l’histoire du vol à voile, malheureusement disparues depuis : Pierre Vaysse, Robert Péchaud et Jacques Lerat.
Plus qu’une œuvre linéaire fondée sur la simple chronologie, cette publication est donc une mosaïque de textes d’auteurs multiples, paraissant parfois un peu redondants au premier abord mais se révélant en fait mutuellement enrichis des apports et connaissances de chacun, abondance de biens ne nuisant pas en ce domaine. Outre les signatures déjà mentionnées, on trouve des récits, travaux ou interviews de MM. Roger Cartier, Charles Boissonnade, Étienne Spire, Paul Sabourault, Georges Abrial et de Mme Claude de Mayo. De nombreux extraits de la presse aéronautique de l’entre-deux-guerres sont également reproduits.
On sent, mais on touche là aux limites de ces recherches, que si certains organismes, centres et clubs semblent assez connus et donc riches en anecdotes et en renseignements dans la mesure où des gens se sont penchés sur leur histoire, d’autres apparaissent encore à peine esquissés. D’ailleurs, connaîtra-t-on un jour de façon exhaustive ce qui s’est passé sur le territoire français ?
Pour l’iconographie, il faut remarquer, par rapport aux observations quasiment systématiques à apporter à un mode de reproduction « laser » de Vieilles Plumes, que nous constatons une sérieuse amélioration dans la qualité de la reproduction… et toujours une richesse quant au choix des photos.
Alors, évocation complète et définitive d’une si importante période de notre histoire vélivole ? Peut-être pas, mais en tout cas c’est un sacré travail de synthèse qui nous est proposé pour nous présenter ces plumes désormais si vieilles…
Jean-Noël Violette
208 pages, 21×29,7cm
couverture souple, reliure collée