En cette année où la France et Paris viennent de se voir attribuer l’organisation des Jeux olympiques de 2024, évoquer le rapport des planeurs avec l’olympisme était de circonstance. C’est un sujet qui, au bar de l’escadrille ou tout du moins à celui de l’aérodrome, revient régulièrement, un marronnier au sujet duquel les spécialistes de comptoir affirment tout et son contraire. C’était donc une magnifique occasion de faire le point sur ce dossier, et tel est donc le sujet de ce vingt-sixième numéro du magazine Vieilles plumes, devenu désormais annuel, de la Commission historique de la Fédération française de vol à voile (CH-FFVV).
Après avoir constaté avec plaisir que cette parution annoncée une fois par an est bien devenue une réalité, et en souhaitant que cela perdure, la première chose qui saute aux yeux en ouvrant ce millésime 2017, c’est que la qualité d’impression est désormais au rendez-vous elle aussi, depuis que l’édition de cet annuel * a été confiée à un « vrai éditeur » *, Bleu Ciel : papier de qualité, bon rendu des illustrations noir & blanc et couleur, mise en page dynamique…
Cet ouvrage, essentiellement issu des travaux de Michel de la Burgade, est composé de plusieurs chapitres qui ont la particularité de ne pas laisser la même impression lorsque l’on passe de l’un à l’autre.
Cela commence par un prologue qui situe le sujet dans un texte bien écrit. Il part quelquefois en digressions un peu hors-sujet, mais cela ne peut qu’enrichir notre culture générale.
Le deuxième chapitre, Les orientations du mouvement olympique, est une chronologie très détaillée mais qui souffre, et nous avec, d’une gestion aléatoire des temps de narration : présent, imparfait (sans que cela corresponde à une analepse*), passé simple, imparfait, passé composé, futur (sans l’élégance d’une prolepse*), futur antérieur, etc.
Au troisième chapitre, La genèse du planeur olympique, nous soufflons car le récit revient principalement à un présent de narration bien plus agréable. Le contenu se disperse un peu, mais il fallait bien donner un peu plus de corps à l’ouvrage, et c’est l’occasion d’une présentation des planeurs allemands contemporains de cette épopée olympique, et en particulier ceux du DFS.
Le quatrième chapitre Le choix du Meise est intéressant dans les détails qu’il expose, multiples réunions de travail et confrontation des machines en lice sur le terrain italien de Sezze-Littoria. Quelques photos, prises notamment lors de cette évaluation, sont ici remarquables.
Le chapitre suivant, Les successeurs du Meise, est celui qui paraît le plus légèrement traité. Outre l’absence du Cinke hongrois dans ceux qui sont listés, on peut regretter que ces quelques pages n’aient pas été l’occasion de nous présenter des photos des versions autrichiennes, brésiliennes, hollandaises, suisses, et un peu plus que les quelques clichés des Nord 2000 français, Zlin 25 tchécoslovaques et EoN Olympia anglais. A ce moment du repas, le plat est bon, mais il manque un peu de garniture.
Le dernier chapitre La reprise du vol à voile en France est plutôt dans la veine traditionnelle des Vieilles plumes, qui présentent régulièrement des sujets complémentaires, reliés à l’objet principal de l’ouvrage par une petite passerelle temporelle.
Enfin, et c’est très bien argumenté, la conclusion présentée dans les dernières pages montre la désormais impossibilité d’une intégration du vol à voile comme sport olympique, en étant d’un grand réalisme quant à l’évolution de la discipline vélivole, des mentalités de ses pratiquants et du sens du spectacle pour le public moderne.
Au bilan, malgré de petites imperfections, ce numéro de Vieilles plumes est à conseiller vivement, non seulement aux amateurs d’histoire vélivole, mais aussi à tous les pratiquants « modernes » qui auront désormais en main tous les éléments pour étayer les discussions sur l’avenir olympique du vol à voile. Vous savez, au bar de l’escadrille…
Jean-Noël Violette
* On dit bien un quotidien, un hebdomadaire, un mensuel…
* Historiquement, ce magazine était au départ imprimé sur la photocopieuse de la FFVV…
* analepse… ou « flashback », mais il faut bien montrer l’exemple de la francophonie
* prolepse… ou « anticipation »
Jean-Noël Violette
48 pages, 21 x 29,7cm broché
0,320 kg