Une fois n’est pas coutume, l’aérobibliothèque a lu pour vous ce roman de Sabrina Kiefner, une traductrice et autrice bilingue, d’origine allemande, et qui vit en France depuis plusieurs décennies. Il appartient à la catégorie dite des romans historiques, récit intriqué dans l’Histoire sans en changer les grandes lignes, s’ingéniant à insérer ici et là des événements plausibles, faisant vivre et coexister des personnages fictifs et d’autres qui ont réellement existé.
Traduit en français par l’autrice elle-même, c’est un petit pavé d’environ 340 pages. L’écriture est très riche, ciselée, soutenue, à la limite de la sophistication, comme souvent chez les auteurs dont le français n’est pas la langue maternelle et qui ont en référence les grands auteurs de notre littérature, bien plus que les natifs que nous sommes.
Il ne faut pas perdre de vue qu’il s’agit d’un roman, ce qui permettra d’accepter certains passages rocambolesques ou peu réalistes, mais certains individus réels ont parfois vécu des moments incroyables, qu’on peut s’y abandonner. Le personnage principal, Marcel, est un lorrain, fait prisonnier en juin 1940, et qui travaille dans la propriété de la famille von Stauffenberg. Le nom vous parle ? Bien sur, l’attentat contre Hitler de juillet 1944 ! L’autre personnage principal est donc Melitta von Stauffenberg, la belle-sœur. Elle est aviatrice, ce qui vaut l’inclusion de ce livre dans l’Aérobibliothèque. Des vols, il y en a plusieurs dans le roman, surtout en Fieseler Storch, et un en Junkers Ju88, avec le vol en piqué qui donne son titre au livre. Et puis un dans un Messerschmitt Me 262 biplace… Quoi, un prisonnier français au statut incertain qui fait un vol dans un Schwalbe ? C’est un roman, on vous dit !
Un petit reproche : le fabricant d’avion Junkers qui a perdu son s, un correcteur d’orthographe mal réglé sûrement, une omission qu’on trouve souvent chez les éditeurs non spécialisés en aviation.
Dans son épilogue, Sabrina Kiefner écrit « J’espère que ce roman sera à la hauteur de la mémoire d’une femme qui mériterait, à mon humble avis, plus d’admiration que celle que certains historiens lui ont accordé. » On la devine dans l’ombre d’Hanna Reitsch, et sa mort le 8 avril 1945 a probablement contribué à ce qu’elle soit beaucoup moins connue du grand public. En consultant la bibliographie, on devine deux biographies en allemand de 2012 et 2016, et on en vient à souhaiter en savoir plus que sa page wikipédia.
Jocelyn Leclercq
352 pages, 14,5 x 20,8 cm, couverture souple, 0,480 kg