En matière de vol montagne, et en laissant de côté les traités historiques et les récits (auto-)biographiques, nous trouvons essentiellement trois types d’ouvrages :
– les manuels de formation, écrits par des spécialistes de l’enseignement de la discipline, dans lesquels chaque phase, décollage, atterrissage, navigation, techniques du vol alpin, réglementation, sécurité, météo fait l’objet d’une leçon spécifique ;
– les topoguides d’aires d’atterrissage, altiports et altisurfaces, dont l’intérêt est fonction, en vue d’une recherche d’exhaustivité, du nombre de plateformes présentées avec leurs caractéristiques et leurs spécificités ;
– les albums de photos, plus pittoresques, nous présentant les plus beaux clichés de montagnes vues du ciel, par exemple pour un secteur donné (comme sont annoncées ici les Alpes).
Le livret que nous vous présentons aujourd’hui, au format inhabituel, presque carré, de 20x24cm, est un peu tiraillé entre ces trois pôles d’attraction, tout en n’étant aucun des trois. Il reprend plus ou moins ce que nous avions déjà rencontré dans le livre écrit par deux autres auteurs en 2011/2017, une Introduction au vol montagne. Ce n’est en effet pas un manuel de formation, bien que cela soit placardé en couverture, et l’auteur principal n’est d’ailleurs pas instructeur. La plupart des éléments classiques que découvre l’aprpenti-pilote alpin sont bien entendu présentés, mais mélangés parfois à des notions qui paraissent vues sans recul, par le petit bout de la lorgnette :
« »Ne pas voler en montagne par plus de 5kts de vent sud »,
« »À St Jean d’Arves, la bonne altitude de la vent arrière fait correspondre le saumon de l’aile gauche avec le toit effondré d’une bergerie… », voire avec erreur de calcul (page 31, « (25 – 15) = 15 »).
Pour illustrer un petit manque de clarté pédagogique, due à une surprenante logique de présentation, citons le paragraphe des pages 32-33 intitulé « Le calage altimétrique devra se faire régulièrement lors des atterrissages sur les plates-formes « , où, après une série de recettes que se passent entre eux les pilotes, et dont un exemple est donné ci-dessus pour ce qui concerne St Jean d’Arves, on nous parle soudain de la brume de chaleur qui donne aux photos un air surexposé, de la diminution de lumière lors des vols automnaux, des contrastes dus à la luminosité et de l’utilité de l’emport des lunettes de vue non teintées en secours…
Ce n’est pas non plus un catalogue des plateformes alpines, car on ne parle que de St Roch-Mayères, Megève, Val d’Isère, Tignes, Valloire, Courchevel, l’Alpes d’Huez et St Jean d’Arves, avec un niveau de précisions assez variable. Les Alpes du Sud, et les atterrissages sur glaciers, non négligeables pour ceux qui veulent « Voler dans les Alpes », ne sont pas abordés.
Ce pourrait être un album photos, mais la qualité est ici aussi assez inégale, puisque cela va, aux côtés de vues d’identification de certaines pistes, des clichés assez communs de sommets émergeant de vallées alpines embrumées à de plus jolies illustrations à partir du milieu de l’ouvrage, plus représentatives de l’univers minéral de la haute montagne.
Une partie remarquable est celle qui traite d’aéro-médecine. Elle mérite une mention particulière, à juste titre puisque l’auteur est lui-même médecin aéronautique, et qu’il a su faire appel, en complément de ses propres connaissances, et particulièrement pour ce qui est de l’hypoxie, à un de ses confrères, le professeur Henri Marotte. Il est dommage que cette partie ne soit pas mise davantage en valeur en couverture de l’ouvrage, par exemple dans un sous-titre, ça le mériterait.
De manière générale, l’ouvrage est bien écrit. Tout au plus peut-on regretter l’utilisation à deux reprises de l’anglicisme « en one-shot » pour exprimer que les atterrissages se font sans le droit à l’erreur que constitue, ailleurs, la remise de gaz.
Au carrefour des différents aspects caractéristiques du vol dans les Alpes, ce livret concernera donc surtout les pilotes de plaine, d’avion et d’ULM, pour leur donner envie d’apprendre à voler en montagne, tout en les prévenant de ce qu’ils auront à découvrir et à gérer.
L’auteur et sa co-auteur nous l’annoncent d’ailleurs en fin d’introduction : « Alors rejoignez-vous et… bons vols ! »
Jean-Noël Violette
86 pages, 20 x 24 cm, couverture souple
0,330 kg