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Voler pour sauver

De la rue au ciel
Itinéraire d’un ambulancier des airs
Jean-Jacques Steiner & Catherine Étienne

Ou comment un ouvrier d’imprimerie et un peintre en bâtiments se retrouvent sauveteurs aériens…

Jean-Jacques Steiner est un « paramédic », un ambulancier à bord d’un hélicoptère suisse de sauvetage. Il a passé 29 ans de sa vie à cette tâche, qu’il résume ainsi : «  on vole pour sauver, mais on ne sauve pas à chaque fois ».

Au-delà du seul témoignage de son quotidien de secouriste héliporté, ce livre est le récit de toute sa vie, recueilli par Catherine Étienne. Elle y déroule tout d’abord sur 134 pages son enfance, livré à lui-même par des parents trop occupés par leur métier, son adolescence peu studieuse, son jeune âge d’adulte en recherche d’un chemin de vie, professionnel et sentimental.
On réalise que jusque-là, rien ne le prédestinait à une carrière aéronautique. Puis il met un pied à Genève-Cointrin comme simple pompier multitâches d’aéroport, se forme comme sauveteur, et finit par prendre place dans les hélicoptères de secours genevois.

À partir de là l’ouvrage est un témoignage souvent poignant, parfois drôle, du quotidien de ces trinômes pilots-paramédic-médecin. On assiste en témoin privilégié à leurs interventions, quelques fois simples transports d’organes, vols-taxis ou convoyages, parfois jolis sauvetages, et souvent récupérations de blessés trop gravement atteints pour être sauvés, ces dernières étant d’autant plus émouvantes que les victimes sont jeunes.

En toile de fond, c’est aussi l’histoire de la professionnalisation de la sauvegarde en terre genevoise qui nous est racontée. D’ailleurs, en annexe, quatre pages sont consacrées à l’histoire de « Rega 15″*. Un cahier central de 24 pages nous présente des photos en couleur des appareils et des missions.

Si le livre est écrit par Catherine Etienne, et si les aventures de « Jiji » Steiner nous sont racontées à la troisième personne, le récit est cependant émaillé de quelques textes du protagoniste lui-même. L’ensemble est particulièrement bien écrit, c’est à noter. On y trouve bien entendu quelque vocabulaire romand de temps en temps (les Armaillis, un sac à poils, un margotton, etc.) *, et si les Genevois auront plaisir à y retrouver mention de lieux ou de fêtes qu’ils connaissent bien (les Pâquis, l’Escalade…) * , ce n’est pas gênant pour le commun des lecteurs francophones, on s’y fait très bien.

On ressort certes de cette lecture un peu sonné par les multiples traumatismes que l’on y découvre, et J.-J. Steiner dit lui-même qu’il a dû voir de ses yeux toutes les façons de mourir qu’il doit exister. Mais on garde surtout le côté optimiste de son héros, faisant sienne, pour ce qui est de l’éducation des enfants, la maxime «  On ne peut donner à ses enfants que des racines et des ailes » et nous enjoignant à être volontaires pour le don d’organes en nous avouant avec un clin d’œil que s’il l’est lui-même, c’est pour avoir des chances de faire un jour… un ultime vol en hélicoptère !

Jean-Noël Violette


* Rega : Rettungsflugwacht + Garde aérienne = Garde aérienne suisse de sauvetage
* Rega 15 : indicatif radio de l’hélicoptère genevois
* Armaillis : bergers de la région de Gruyère
* Sac à poils : sac militaire
* Margotton : loterie
* Pâquis : quartier populaire (et parfois mal famé) de Genève
* Fête de l’Escalade : commémoration, le 11 décembre, d’une vieille victoire des Genevois sur les Savoyards


370 pages, 14,8 x 21 cm, broché
0,480 kg

– Préface de Bertrand Levrat, Directeur des Hôpitaux Universitaires de Genève

www : volerpoursauver.ch

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Autoédition

ISBN 978-2-9555201-1-1

23,00 €