Il s’agit d’un livre de souvenirs écrit, en anglais, par Jacques Drabier en collaboration avec John Brown, alias J. Anomdeplume. On rappelle que Jacques Drabier est le dernier survivant du Trébouliste, le langoustier qui a embarqué l’École de pilotage N° 23 de Morlaix le 18 juin 1940 vers l’Angleterre.
Jacques Drabier est né le 3 juin 1922 en Cochinchine où son père était juriste. Après une jeunesse heureuse sur les bords du Mékong au milieu des pousse-pousse, le jeune garçon est envoyé en pension à Choisy-le-Grand en 1932. Au début de 1940, il a 17 ans et demi ; alors qu’il est en vacances à Strasbourg, il répond a une demande de volontaires à l’engagement et rejoint Paris. Il tente de s’engager dans l’armée de l’Air, mais il est trop jeune. Finalement c’est à Meucon, École de pilotage N° 21 qu’il peut commencer à voler sur Luciole. Il est envoyé à Morlaix, École de pilotage N° 23, pour son anniversaire. Là, le lieutenant Pinot prépare l’évacuation de l’École vers Brest. L’histoire du Trébouliste est désormais bien connue. Jacques Drabier s’y retrouve en compagnie Berthier, Le Dilasser, Poulain, Niolloux, Lecouté, Le Poullenec, le père Godard et bien d’autres. Arrivé en Angleterre, c’est l’itinéraire classique : Trentham, Camberley, Londres et l’Olympia Hall et la rencontre avec le Général de Gaulle. Il rencontre à Londres Véra, qui deviendra son épouse.
Comme bien d’autres il « attend » à Saint-Athan ou il rencontre le colonel Pijeaud. À la demande du Major Lalouette, Jacques Drabier réalise alors la maquette de l’insigne qui deviendra celui des FAFL. C’est en octobre 1940 qu’un bijoutier de Brompton Arcade en réalise les 200 premiers exemplaires. Le N° 1 est destiné au général de Gaulle, le N° 2 à l’amiral Muselier, le N° 3 au colonel Pijeau, et le N° 4 au Major Lalouette.
On retrouve Drabier à l’ITW d’Odiham où il vole sur Miles Magister. Il complète sa formation à Ternhill. Fin 1941, le colonel Pijeaud décide d’envoyer Maurice Vergès, René Moine, Jean Ducorneau et Jacques Drabier comme instructeurs à Damas où ils arrivent fin janvier 1942. Après de nombreuses missions à bord d’un Potez 25, il est affecté au groupe Ardennes puis au centre de formation américain de Casba Tadla près de Meknès où il volera sur Curtiss P-36 et Dauntless A-24. Après les entraînements sur Hurricane, Airacobra, les pilotes FAFL seront aussi formés sur les P-47. Affecté au Groupe 3/6 Roussillon, Jacques Drabier se retrouve à Salon-de-Provence en novembre 1944. Peu après les Airacobra seront remplacés par des P-47 et Jacques Drabier sera engagé sur l’Italie où il sera blessé. Après l’Allemagne on le retrouvera sur les « Poches de l’Atlantique ».
En juin 1945, Jacques Drabier se marie avec Véra à Horsham dans le Sussex. Pour lui, une nouvelle vie s’annonce. Il va devenir agent maritime à Marseille et tout naturellement on retrouve le couple Drabier en Indochine. Il auront une fille, Christiane, qu’ils perdront à 29 mois en novembre 1949. La tristesse liée à ce drame, associée à la recherche de l’indépendance par le Vietminh finiront par anéantir les espoirs de celui qui voulait s’investir dans le pays où il était né. On notera, comble du désespoir, la disparition même de la tombe de leur chère Christiane du cimetière de Saïgon.
Une vie particulièrement émouvante d’un héros de la France Libre dont je recommande vivement la lecture.
Philippe Bauduin
224 pages, 15 x 23 cm, couverture souple, abondamment illustré
En anglais / In English