Zéro pour l’éternité [4]

Coup de cœur 2015   pour la collection Zéro pour l’éternité

Kyûzo Miyabe. Excellent pilote, farouche combattant, père de famille et pleutre attaché à la vie. Et, à la fin, kamikaze. Ses petits-enfants l’ont un peu découvert en interviewant d’anciens militaires, et ont fini par comprendre comment il est rentré dans la Marine impériale sans prédisposition militaire, mais il reste toujours une énigme : comment s’est-il porté volontaire pour une attaque spéciale ?

Ce quatrième volume de Zéro pour l’éternité poursuit la recette des précédents : les récits des vétérans dessinent en filigrane non seulement le portrait de Miyabe, mais aussi celui du Japon en guerre — avec ses petits rires, ses satisfactions tristes et ses grands drames. Et au fur à mesure que l’on fait sa connaissance, la question reste : un pilote de chasse, est-ce un héros, un assassin, un patriote, un terroriste ? Ou un jeune homme victime d’un état belliqueux, nourri par une presse qui voulait reprendre la guerre russo-japonaise ? Peut-on seulement juger un combattant que ses ennemis eux-mêmes décrivent en termes techniques (« un adversaire redoutable ») sans porter de jugement moral ?

Ces enjeux sont traités sous différentes facettes, à travers les récits d’anciens pilotes ou mécaniciens devenus des hommes aussi variés qu’un paisible chef d’entreprise ou un yakuza ténébreux, et surtout à travers l’altercation entre un vétéran et un journaliste symboles d’époques et de mentalités différentes. Hyakuta et Sumoto approfondissent ainsi progressivement leur sujet, continuant à entraîner le lecteur dans un manga captivant entre Histoire et histoires.

Franck Mée

224 pages, 13 x 18 cm, couverture souple avec rabats

– Zéro pour l’éternité 1
– Zéro pour l’éternité 2
– Zéro pour l’éternité 3
– Zéro pour l’éternité 4
– Zéro pour l’éternité 5

Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Delcourt