En France, Seihō Takizawa est probablement surtout connu pour 103e escadre de chasse, adaptation d’un roman. Mais avant cette œuvre, l’auteur a multiplié les récits courts, souvent centrés sur l’aviation. Ceux concernant la fin de la guerre du Japon ont été réunis dans Japanese interceptors 1945, les autres… Et bien les autres, les voici : c’est toute la ligne éditoriale de Un cri dans le ciel bleu, paru au Japon à la fin des années 90 et que Paquet vient de traduire dans notre langue.
Le souci évident, c’est donc le manque d’unité : non seulement les récits qui composent le recueil ont été publiés sur une période de plusieurs années, mais ils évoquent des événements indépendants et reposent sur des ressorts radicalement différents. Qu’est-ce qui réunit les récits de pilotes de Bell Airacobra, les rêveries d’un salary man déprimé, la traversée de la Manche par la flotte allemande, le duel entre un marin et un soldat cannibale aux Philippines, et l’héroïsme des pilotes finlandais ? Rien, sans doute…
C’est un peu moins marquant, mais le temps écoulé entraîne également une certaine disparité graphique ; en particulier, une poignée de ces « nouvelles graphiques » sont réalisées en dégradés avec un trait léger et « vibrant » rappelant un crayonné, dérogeant ainsi à l’encrage profond et aux trames habituelles. Ce n’est toutefois pas choquant, le dessin et la mise en page restant exemplaires de dynamisme et faisant toujours merveille dans les scènes d’action. Takizawa fait partie de ces auteurs de mangas qui se sont ouverts aux bandes dessinées étrangères et il sait opportunément piocher son inspiration aussi bien dans le réalisme franco-belge que dans les comics américains ; le résultat est graphiquement très agréable, prenant et limpide.
Mêlant fantasmes oniriques, épisodes historiques documentés et batailles méconnues de la Seconde Guerre mondiale, Un cri dans le ciel bleu est donc un ensemble plutôt réussi, mais fort disparate. Idéalement, il faut le prendre pour ce qu’il est : un recueil de nouvelles, dans lequel chacun trouvera au moins une histoire qu’il aimera beaucoup… et une qui le laissera totalement froid.
Franck Mée
164 pages, 16 x 23,5 cm, couverture souple
0,295 kg
Avec l’aimable autorisation de © Éditions Paquet
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