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De l’aviation maritime à Air France

(1916-1957)
Paul Morvan

Le parcours de Paul Morvan est pour le moins hors norme. Ce fils de marin-pêcheur du Morbihan espérait sans doute beaucoup de la Marine nationale lorsqu’il est entré, à 16 ans en 1914, à l’École des apprentis mécaniciens de Lorient. Mais il ne se doutait certainement pas du formidable ascenseur social que celle-ci serait pour lui en très peu d’années.

Dès janvier 1916, Morvan découvre l’aviation au CAM Dunkerque parce qu’on l’y a affecté à sa sortie du cours. Devenu mécanicien volant grâce à l’amitié d’un pilote breton qui cherche un équipier, il sert ensuite sur le porte-hydravions Nord et chasse les sous-marins allemands sur les côtes de la Manche et de la Mer du Nord, avant d’être lui-même breveté pilote en 1918 et d’être versé au CAM Salonique.

Ayant quitté la Marine en 1920, il trouve un emploi de pilote au sein d’une nouvelle compagnie, la Franco-Bilbaine à Bayonne, qui utilise justement des hydravions. Puis, il passe ensuite quelque temps au Congo belge pour les LARA (Lignes aériennes du Roi Albert), toujours sur des hydravions français, en compagnie d’autres anciens marins. Embauché en 1923 par les Lignes Latécoère, il devient chef d’escale à Oran en 1927, puis à Alger, à Alcudia (Baléares) et à Palma de Majorque avant d’être intégré à Air-France dont il devient le chef d’exploitation des lignes de Méditerranée à Marignane, puis chef d’exploitation de la ligne des Antilles à Biscarosse en 1945. Lorsqu’il prend sa retraite en 1957, il est le chef des services intérieurs d’Air-France à Orly.

Les mémoires laissées par Paul Morvan à ses enfants (il est décédé en 1978) et publiées par l’ARDHAN, sont un témoignage des plus passionnants. Déjà en partie exploité par quelques auteurs (Les Bretons et l’Aéronautique, L’Aviation maritime de la Grande Guerre), le texte est enfin publié dans son intégralité. Et il le mérite largement car il est unique. En effet, si peu de marins ont laissé des souvenirs écrits sur l’Aviation maritime de la Grande Guerre, Paul Morvan est, à ma connaissance, le seul « équipage » (homme du rang) à l’avoir fait de telle manière.

La suite du témoignage sur la reconversion des volants dans les lignes aériennes civiles, nombreuses à cette époque à utiliser des hydravions (souvent préférés aux avions), est tout aussi intéressante car il apporte un éclairage sur les coulisses des premières compagnies françaises.

Illustré de documents personnels complétés par des profils couleurs d’hydravions et des photographies des collections de l’ARDHAN, l’ouvrage est une parfaite réussite qu’il faut absolument lire pour découvrir le quotidien des équipages d’hydravions de la première moitié du XXe siècle.
Thierry Le Roy


330 pages, broché
Cahier 16 profils couleur

Ouvrages édités par
En bref

ARDHAN

ISBN 978-2-913344-20-8

19 €