Il y a désormais bien longtemps que les maquettistes ne sont plus de simples colleurs de morceaux de plastique décorés de façon plus ou moins fantaisiste. Les maquettes racontent de plus en plus souvent une histoire précise, celle d’un appareil bien défini, le plus souvent celui d’un pilote clairement identifié à un moment tout aussi précis. Pour ce faire, une documentation sérieuse est bien entendu nécessaire. Les simples plans ne suffisent plus, et le choix de la décoration, des camouflages et des marques s’effectue généralement avec rigueur. Cela fait plus de dix ans qu’on l’a compris à la rédaction de Wing Masters, où les articles traitant de montages de maquettes sont sous-tendus par d’autres, strictement historiques. Nous sommes bien entendu assez loin de la soutenance de mémoire pour un doctorat d’histoire, mais nous sommes néanmoins dans le registre du très honnête article de vulgarisation*.
Les deux volumes de L’aviation française 1939 – 1942, dans la collection Avions et pilotes, le volume 1 : d’Amiot à Curtiss et le volume 2 : de Dewoitine à Potez étant épuisés, on a eu la bonne idée de fusionner ces deux ouvrages dans un seul livre. Bonne idée effectivement, car l’auteur de ces deux petits livres, rédacteur en chef de Wing Masters, n’a pas à rougir de sa production sur ce sujet qui n’est pas des plus simples. Bonne idée effectivement, car grâce à un format légèrement plus grand que le A4 (au lieu du 20 x 24 cm d’origine), les profils sont bien plus grands et plus lisibles.
Les articles historiques présentant les appareils sont de bon aloi, avec une iconographie qui ne brille pas par son originalité, mais judicieusement choisie. Allant à l’essentiel, ces chapitres ne feront pas de vous une « pointure », mais si vous en retenez le contenu, vous disposerez d’un bagage très raisonnable sur les avions d’arme français de la période 1939-1942. Si une seule page d’article est dédiée à l’anecdotique LeO C.30, d’autres, comme le Bloch MB.151 ou les Curtiss H.75, se voient gratifiés de cinq ou six pages d’article. Nous ne ferons pas de commentaire sur les profils : l’excellence de ceux d’André Jouineau est connue.
De l’Amiot 143 au Potez 63.11, c’est l’essentiel des appareils de l’Armée de l’air du début de la Seconde Guerre mondiale qui est présenté ici, dans un livre qui conviendra tant au maquettiste qu’au néophyte soucieux d’acquérir des bases saines. Outre les chapitres traitant des appareils par ordre alphabétique, on remarquera la présence d’une longue introduction De la naissance de l’Armée de l’air à la dissolution de l’aviation de Vichy, qui précise le cadre historique de l’ouvrage, une carte de l’implantation des groupes de chasse, de reconnaissance et d’observation, au 10 mai 1940, une liste des abréviations, un chapitre traitant des projets sans suite, et surtout sept pages présentant les insignes des unités.
Bref, un livre qui ne révolutionnera pas la bibliographie sur la guerre aérienne et qui atteint correctement son objectif pour un prix raisonnable : « Une bonne idée pour débuter en histoire de l’aviation française de la Seconde Guerre mondiale, mais également le moyen pour le maquettiste de disposer d’une intéressante variété de profils ».
Philippe Ballarini
160 pages, 23 x 30 cm, couverture souple
*Rappelons qu’il n’y a rien de « vulgaire » dans la vulgarisation, exercice difficile sans lequel personne ne pourrait faire ses débuts dans un thème précis. L’ennui, c’est que dans ce registre, on trouve de tout, du bon grain comme de l’ivraie.