« Qui ose gagne »*. Cette devise glorieuse et déterminée, qui sera adoptée en 1946 par la demi-brigade de parachutistes SAS*, résume l’état d’esprit des jeunes volontaires qui, à la suite du capitaine Georges Bergé, se mirent à la disposition de la France Libre du général de Gaulle pour devenir les paras du 1er RPIMa*. Car en ce qui concerne « oser », disons-le tout net, il fallait être audacieux aux limites de l’inconscience… ou pétri de l’esprit de sacrifice (à 28 ans, on était un « petit vieux »).
En 1940, le parachutisme militaire était l’apanage des troupes allemandes, lesquelles avaient brillé lors de la prise du fort belge d’Ében-Émael. Très vite, Britanniques et Français mirent eux aussi sur pied des raids audacieux, portant le fer et le feu derrière les lignes ennemies, en Afrique, puis sur le sol français. Coups de main, sabotages, actions « commando »… les raids en Jeep mèneront les paras français à travers la France jusqu’en Belgique et en Hollande. Du moins pour ceux qui ne seront pas tombés sous les balles allemandes… ou vichystes.
C’est l’épopée de cette troupe d’élite qui est évoquée dans ce livre abondamment illustré, depuis l’épopée du paquebot polonais Jean-Sobieski et les premiers raids sur la France — comme celui sur la centrale électrique de Pessac — jusqu’à l’héroïque et dramatique soutien d’avril 1945 à la Résistance hollandaise.
Jean-Charles Stasi a vraisemblablement cherché à tirer de l’oubli la poignée de parachutistes français du 4th SAS qui, dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, furent les premiers à être engagés sur le territoire français dans le cadre des opérations du Débarquement en Normandie. En revanche, l’auteur ne se limite pas à ces opérations en Bretagne : il évoque également l’action antérieure des paras français en Libye ainsi que l’épuisante formation dans le camp d’Auchinleck.
Comme c’est souvent de mise chez Heimdal, l’iconographie joue un rôle important et occupe sensiblement autant de place que le texte. Photographies d’époque, bien entendu, mais également cartes, photos de matériel conservé dans des musées, ainsi que quelques profils d’avions dus à Thierry Vallet.
Dans sa bibliographie, Jean-Charles Stasi cite le livre de David Portier, Les parachutistes SAS de la France Libre, 1940-1945. Un même sujet, mais un traitement fort différent. Les paras français du Jour J vise un lectorat que le sujet intéresse, mais qui n’a peut-être pas envie de s’adonner à la lecture d’un « pavé » de plus de 500 pages.
Philippe Ballarini
* « Qui ose gagne » : traduction la devise des SAS britanniques « Who dares wins »
* SAS : Special Air Service, unité de forces spéciales de l’armée britannique
* RPIMa : Régiment de parachutistes d’infanterie de marine
80 pages A4, relié
0,563 kg